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Aujourd'hui, c'est mon anniversaire.
Aujourd'hui, c'est le jour de l'année où mon téléphone et mes réseaux sociaux reçoivent le plus de messages.
Aujourd'hui, ma famille et mes amis proches (et ceux qui ne sont pas si proches) m'inondent de bons vœux et d'encouragements pour la nouvelle année.
Aujourd'hui, le jour où tout le monde se souvient de moi, je pense à toi.
Cet anniversaire sera sans doute très difficile à oublier. Fêter son anniversaire en Australie, loin de sa famille et de ses amis, au milieu d'une pandémie mondiale et avec une grande incertitude quant à mon avenir proche, n'est pas quelque chose qui arrivera très souvent.
La famille avec laquelle je vis m'a demandé ce que j'aimerais faire pour mon anniversaire et quand ils m'ont posé cette question, je n'ai pu penser qu'à une seule chose...
J'adorerais être dans cette maison spéciale, celle qui nous a rendus si heureux pendant tant d'années. Située dans le sud de la France, dans un petit village plein de vieux heureux et entouré d'une immense végétation, se trouvait notre maison d'été, celle qui a su réunir toute notre famille française, celle qui m'a vu grandir chaque année, celle qui m'a fait rêver et jouir : la maison de mes grands-parents.
J'aimerais y retourner, avec toute la famille, et profiter des choses simples. Un bon apéritif, un pastis à la main à l'écoute d' un des merveilleux discours de mon grand-père pendant qu'il sourit et fait sourire les autres. Et après, une partie de ping-pong saine mais compétitive, écouter le son de cette cloche qui nous avertit qu'il est temps de manger...
Manger à cette table sans fin, où la nourriture et la conversation coulent à flot. Jouer à des jeux stupides dans la piscine avec mes cousins et planifier secrètement notre prochaine escapade au sous-sol où se trouve le coffre au trésor : le congélateur plein de glaces. Et pendant que nous profitons d'un concert de musique classique en direct, jouers aux cartes, au billard ou au baby-foot, eh bien... nous sommes si nombreux que tout peut se passer en même temps.
Ce n'est évidemment pas la réponse que j'ai donnée à la famille qui m'a posé la question, mais c'est celle qui m'a traversé l'esprit. J'aimerais être avec ma famille aujourd'hui, mais en particulier avec ma grand-mère, jouer aux cartes avec elle et lui poser tous mes doutes culinaires. Elle m'a appris à faire un bon clafoutís, des truffes au chocolat pour la fin de l'année, de la confiture d'orange amère, à obtenir le juste point pour une ratatouille juteuse ... et bien d'autres choses encore, mais il y a un dessert qu'elle avait l'habitude de faire pour les anniversaires ou les occasions spéciales : le BABA au Rhum.
Je dois avouer que quand j'étais enfant, je n'aimais pas du tout ça, surtout parce que le Rhum n'est pas quelque chose que les enfants aiment habituellement, et elle aimait bien imbiber le gâteau. C'est un dessert qu'elle avait l'habitude de faire parce que c'est facile et parce qu'il était capable de nourrir toute sa tribu. Elle en servait un petit morceau dans des petites assiettes à dessert et une élégante bouteille était passée avec le Rhum afin que chacun puisse choisir sa propre dose d'alcool.
Aujourd'hui, je fais la recette que ma grand-mère avait l'habitude de suivre, mais qui lui venait en fait à sa tante : Tante Sul. Si cette maitresse d'école à Paris, à mon âge, avait appris dans les années 1920 que 100 ans plus tard, la petite-fille de sa nièce suivrait sa recette en Australie... elle aurait eu du mal à le croire.
C'est la première fois que j'ai fait un baba et je dois dire que ça m'a plu, c'est amusant à cuisiner. En pesant les ingrédients, j'ai imaginé Tante Sul en train d'écrire cette recette et ma grand-mère en train de la lire attentivement.
Maman Jean, aujourd'hui des milliers de kilomètres nous séparent, mais je voulais faire ce dessert en souvenir de toi et pour te remercier de tout ce que tu m'as appris et de tous ces moments que nous avons vécus. Parce que même si nous ne nous voyons pas très souvent, tu es dans mes pensées. Hier, j'ai appris un mot japonais natsukashi, qui signifie "nostalgie heureuse", et c'est exactement ce qui m'arrive avec toi parce que...
Chaque fois que je sens un parfum de lavande, je me souviens de toi qui le cueillait sur la terrasse pour le mettre dans des petits sachets, avec nos initiales brodées dessus, pour parfumer notre placard. Chaque fois que je vois des mûres, je me revois dans ces promenades dans les montagnes où nous avions l'habitude de remplir des bocaux et des pots avec des mûres et les incroyables gâteaux que l'on faisait avec. Chaque fois que je mets un coude sur la table en mangeant, j'imagine que tu me regardes et que tu me dis d'un ton sérieux qu'il ne faut pas mettre les coudes sur la table, et "tiens-toi droite s'il te plaît". Chaque fois qu'une guêpe tourne à mes côtés, je ne me souviens que de toi avec un couteau plein de confiture, attendant que la guêpe se pose quelque part pour lui couper la tête sans un instant d'hésitation. Chaque fois que je vois un morceau de sucre, je me souviens que tu en trempes la moitié dans ton café noir et que tu mets le tout dans ta bouche.
Je me souviens de toi, je souris et je te suis reconnaissante pour ta vie, et parce qu'avec grand-père Papa Jean, tu nous as appris l'importance de maintenir une famille unie dont l'ingrédient principal est l'amour.
Et même si aujourd'hui tu ne te souviens probablement pas du nom de tous tes petits-enfants, ni de la recette du Baba au Rhum, moi, aussi longtemps que ma mémoire me le permettra, je continuerai à me souvenir de toi. Dans la carte de mon restaurant, je mettrai ce dessert, comme ça, chaque fois que je verrai un Baba au Rhum en commande ou sur le plateau d'un serveur nerveux, je me souviendrai de toi et je sourirai pour moi, en retrouvant cette nostalgie heureuse qui m'amène près de toi.
//Español//
Maman Jean
Hoy es mi cumple.
Hoy, el día del año que más mensajes recibe mi teléfono y mis redes sociales.
Hoy, mi familia y mis amigos cercanos (y los no tan cercanos) me inundan de buenos deseos y de ánimo para mi nuevo año.
Hoy, el día en el que todos se acuerdan de mi, yo pienso en tí.
Este cumpleaños, sin lugar a dudas, será muy difícil de olvidar. Cumplir años en Australia, lejos de la familia y amigos, y en medio de una pandemia global y con una gran incertidumbre a cerca de mi futuro próximo, no es algo que ocurrirá muy a menudo.
La familia con la que vivo me preguntó que qué me gustaría hacer para mi cumple y cuándo me lo preguntaron solo pude pensar en una cosa...
Me encantaría poder estar en aquella casa tan especial, aquella que nos hizo tan felices durante tantos años. Situada en el sur de Francia, en un pueblecito lleno de viejecitos felices y rodeada de inmensa vegetación, se encontraba nuestra casa de verano, aquella que era capaz de reunir a toda nuestra familia francesa, aquella que me que vio crecer cada año, aquella que me hacía soñar y disfrutar: la casa de mis abuelos.
Me encantaría poder volver ahí, con toda la familia reunida, y simplemente disfrutar de las cosas sencillas. Un buen aperitivo, Pastis en mano y escuchar recitar uno de los maravillosos discursos de mi abuelo mientras sonríe y hace a los demás sonreir. Y después de una sana pero competitiva partida de ping-pong, escuchar el sonido de aquella campana que nos avisa de que es hora de comer...
Comer en aquella mesa interminable, donde fluye comida y buenas conversaciones. Hacer juegos estúpidos en la piscina con mis primos y planear secretamente nuestra próxima jugada al sótano donde se encuentra el baúl de los tesoros: el congelador lleno de helados. Y mientras disfrutamos de un concierto de música clásica en directo, jugar a las cartas o al billar o al futbolín, en fin... somos tantos que todo puede ocurrir al mismo tiempo.
Obviamente esta no fue la respuesta que le dí a la familia, pero sí la que pasó por mi mente. Y es que me encantaría poder estar con mi familia hoy, pero en particular con mi abuela, jugar a las cartas con ella y preguntarle todas mis dudas culinarias. Ella me enseñó a como hacer un buen clafoutís, las trufas de chocolate para fin de año, la mermelada agria de naranja, conseguir el punto exacto para una jugosa ratatouille … y tantas cosas más, pero hay un postre que ella solía hacer para los cumpleaños u ocasiones especiales: el BABÁ au Rhum.
He de confesar que cuando era una niña no me gustaba nada, mas que nada porque el Rhom a los niños no es algo que les suela gustar, y ella le encanta empapar bien el bizcocho. Es un postre que solía hacer por su facilidad y porque es capaz de alimentar a toda su tribu. Servía un trocito en platitos especiales y un frasquito elegante pasaba de mano en mano con la disolución de Rhom para que cada uno eligiese su dosis de alcohol.
Hoy hago la receta que mi abuela seguía, pero en realidad pertenece a su tía: Tante Sul. Si a esta profesora parisina, con mi edad, le hubiesen dicho allá por los años 1920 que 100 años después la nieta de su sobrina estaría siguiendo su receta en Australia... simplemente no se lo creería.
Es la primera vez que la hago y he de decir que lo he disfrutado, ha sido especial poder cocinarlo. Mientras pesaba los ingredientes me imaginaba a Tante Sul escribiendo esta receta y a mi abuela leyéndola atentamente.
Maman Jean, hoy nos separan miles de kilómetros, pero he querido hacer este postre para recordarte y para agradecer todo aquello que me has enseñado y todos esos momentos que vivimos. Porque aunque no nos veamos muy a menudo, estás en mi mente.
Ayer aprendí una palabra japonesa natsukashi, que significa ‘nostalgia feliz’, y eso es justamente lo que me pasa contigo porque...
Cada vez que huelo una fragancia de lavanda, te recuerdo cortándola en el patio para ponerla en el interior de pequeños bolsitos, con nuestras iniciales bordadas a mano, para perfumar nuestro armario.
Cada vez que veo moras me traslado a aquellos paseos en la montaña donde llenábamos tarros y tarros de moras y las increíbles tartas que hacías con ellas.
Cada vez que pongo un codo encima la mesa mientras como, te recuerdo mirándome y con un tono serio decirme que en la mesa no se pueden poner los codos, y ‘espalda recta por favor’
Cada vez que una avispa da vueltas a mi lado, solo puedo recordarte con un cuchillo lleno de mermelada esperando a que la avispa se pose en un sitio para cortarle la cabeza sin dudar ni un instante.
Cada vez que veo un terrón de azúcar te recuerdo mojando la mitad en tu café solo y metértelo entero en la boca.
Te recuerdo, sonrío y me siento agradecida por tu vida, y porque junto al abuelo Papa Jean nos habéis enseñado la importancia de mantener una familia unida cuyo principal ingrediente es el amor.
Y aunque hoy probablemente no recuerdes el nombre de todos tus nietos, ni la receta del Babá au Rhum, yo, mientras mi memoria me lo permita, te seguiré recordando.
En la carta del Restaurante pondré este postre, de esta forma, cada vez que vea un Babá au Rhum en una comanda o en la bandeja de algún camarero nervioso, te recordaré y sonreiré para mí, obteniendo una vez más esa nostalgia feliz que me lleva hacia ti.
//English//
Maman Jean
Today is my birthday.
Today, the day of the year that my phone and my social networks receive the most messages.
Today, my family and close friends (and those not so close) flood me with good wishes and encouragement for my new year.
Today, the day everyone remembers me, I think of you.
This birthday will no doubt be very hard to forget. Having a birthday in Australia, away from family and friends, and in the midst of a global pandemic and with great uncertainty about my near future, is not something that will happen very often.
The family I live with asked me what I would like to do for my birthday and when they asked me I could only think of one thing...
I would love to be in that special house, the one that made us so happy for so many years. Situated in the south of France, in a small village full of happy old people and surrounded by immense vegetation, there was our summer house, the one that was able to bring together all our French family, the one that saw me grow every year, the one that made me dream and enjoy: my grandparents' house.
I would love to go back there, with the whole family together, and just enjoy the simple things. A good appetizer, Pastis in hand and listening to one of my grandfather's wonderful speeches being recited while he smiles and makes others smile. And after a healthy but competitive game of ping-pong, listen to the sound of that bell that warns us that it is time to eat...
Eating at that endless table, where food and good conversation flow. Playing stupid games in the pool with my cousins and secretly planning our next move to the basement where the treasure chest is located: the freezer full of ice cream. And while we enjoy a concert of live classical music, play cards or pool or foosball, well... there are so many of us that everything can happen at the same time.
Obviously this wasn't the answer I gave the family, but it was the one that crossed my mind. I would love to be with my family today, but in particular with my grandmother, playing cards with her and asking her all my culinary doubts. She taught me how to make a good clafoutís, chocolate truffles for the end of the year, sour orange jam, get the exact point for a juicy ratatouille ... and so many other things, but there is one dessert she used to make for birthdays or special occasions: the BABA au Rhum.
I have to confess that when I was a child I didn't like it at all, mostly because the Rhom is not something that children usually like, and she loves to soak the cake well. It's a dessert she used to make because it's easy and because she's able to feed her whole tribe. She would serve a little piece in special plates and an elegant bottle would be passed around with the Rhom solution so that everyone could choose their own dose of alcohol.
Today I make the recipe that my grandmother used to follow, but it actually belongs to her aunt: Tante Sul. If this Parisian teacher, at my age, had been told back in the 1920s that 100 years later her niece's granddaughter would be following her recipe in Australia... she simply wouldn't believe it.
It's the first time I've done it and I have to say I've enjoyed it, it's been special to be able to cook it. While weighing the ingredients I imagined Tante Sul writing this recipe and my grandmother reading it carefully.
Maman Jean, today thousands of kilometers separate us, but I wanted to make this dessert to remember you and to thank you for all that you have taught me and for all those moments that we lived. Because although we do not see each other very often, you are in my mind.
Yesterday I learned a Japanese word natsukashi, which means 'happy nostalgia', and that's exactly what happens to me with you because...
Every time I smell a lavender fragrance, I remember you cutting it up in the yard to put it inside little bags, with our initials embroidered on them, to perfume our closet.
Every time I see blackberries I move to those walks in the mountains where we used to fill jars and jars with blackberries and the incredible cakes you used to make with them.
Every time I put an elbow on the table while eating, I remember you looking at me and with a serious tone telling me that you can't put your elbows on the table, and 'straight back please
Every time a wasp spins by my side, I can only remember you with a knife full of jam waiting for the wasp to pose in a place to cut its head off without a moment's hesitation.
Every time I see a lump of sugar I remember you dipping half of it in your black coffee and shoving the whole thing in your mouth.
I remember you, I smile and I feel grateful for your life, and because together with Grandpa Papa Jean you have taught us the importance of keeping a family together whose main ingredient is love.
And although today you probably don't remember the name of all your grandchildren, nor the recipe for the Baba au Rhum, I, as long as my memory permits, will continue to remember you.
In the menu of the Restaurant I will put this dessert, in this way, every time I see a Baba au Rhum in a command or in the tray of some nervous waiter, I will remember you and I will smile for me, getting once again that happy nostalgia that leads me to you.
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